Agrobacterium

Agrobacterium est le nom de genre de bactéries communes du sol et surtout du sol parcouru par les racines des plantes, dit sol rhizosphérique.



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Agrobacterium est le nom de genre de bactéries communes du sol et surtout du sol parcouru par les racines des plantes, dit sol rhizosphérique. Ces bactéries sont pour la majorité des pathogènes des végétaux (ou phytopathogènes). A. tumefaciens est responsable d'une maladie nommée galle du collet - ou crown-gall selon l'expression anglo-saxone - qui se traduit par la formation d'une tumeur au site d'infection. La bactérie à été identifiée à partir de ces tumeurs en 1907 par deux chercheurs américains, E. F. Smith et C. O. Townsend. Le mécanisme de formation des tumeurs ressemble à une transformation génétique, un fragment d'ADN bactérien étant transféré de la bactérie vers la plante, puis intégré dans le matériel chromosomique végétal. Cette observation forme le fondement d'une des techniques les plus utilisées en ingénierie génétique des végétaux. Il existe d'autres espèces d'Agrobacterium, telles A. vitis, responsable de la maladie du broussin de vigne (galle spécifique de la vigne), ou A. rhizogenes, responsable du hairy root, maladie caractérisée par la naissance d'un chevelu racinaire au point d'infection. La taxonomie des agrobactéries reste particulièrement discutée et évolue constamment.

Description

Le genre Agrobacterium sert à désigner des bacilles d'environ 1 x 3 microns, à coloration de Gram négative (dits gram négatif). Le genre Agrobacterium appartient à la famille des Rhizobioaceæ, elle-même incluse dans la classe des alpha-protéobactéries au sein du phyllum des proteobatéries. Les Rhizobiaceæ regroupent de nombreuses bactéries capables d'induire la formation de nodosités sur les plantes légumineuses, sièges d'une symbiose donnant la possibilité la fixation de l'azote.

Les bactéries du genre Agrobacterium sont mobiles, et aérobies stricts pour la majorité. Elles présentent une capacité d'utilisation des glucides particulièrement étendue. Leur température optimale de croissance s'étage de 24 à 28°. Dans ces conditions et dans un milieu de culture particulièrement favorable, leur temps de génération avoisine 120 minutes. À l'inverse, elles résistent particulièrement bien aux carences, aux milieux pauvres et peuvent ainsi survivre plusieurs semaines dans de l'eau pure, à 4°C. Elles résistent aussi au sels de tellure, ainsi qu'à de nombreux antibiotiques de type bêta-lactame.

Historique

La galle du collet est une maladie connue depuis l'antiquité; ses symptômes ont été décrits par des observateurs grecs et romains. Elle affectait - et affecte toujours - de nombreuses plantes de culture, tels la vigne ou les arbres fruitiers à noyau. En 1907, deux chercheurs américains, E. F. Smith et C. O. Townsend, isolent une bactérie de fragments de galle, qu'ils identifient comme l'agent pathogène responsable de la maladie, appelée Bacterium tumefaciens puis renommée Agrobacterium tumefaciens.

En 1930, Riker et ses collaborateurs, dans le Wisconsin, identifient une bactérie responsable d'une autre maladie des végétaux, le "hairy-root", qui se traduit par la naissance d'un chevelu racinaire au point d'infection. L'agent responsable sera appelé plus tard Agrobacterium rhizogenes.

En 1942, deux autres américains, P. R. White et A. C. Braun, démontrent que les cellules issues de galles du collet sont des cellules cancéreuses. Débarrassées de la présence d'Agrobacterium, elles prolifèrent aisément et indéfiniment sur des milieux de culture qui ne permettent pas la croissance de cellules saines, à cause de l'absence de régulateurs de croissance végétaux dans ces milieux. A. C. Braun et ses collègues proposent alors l'existence d'un "principe inducteur de tumeur".

A la fin des années 1950, deux groupes de chercheurs français, ceux de Lioret et de Morel, identifient des composés spécifiques des cellules de crown-gall, les opines. Ils proposent en 1972 que la spécificité de synthèse des opines résulte d'un transfert d'informations génétiques entre la bactérie et la plante.

En 1974, l'élément génétique responsable du pouvoir pathogène chez A. tumefaciens est caractérisé par un consortium de chercheurs belges dirigés par J. Schell et M. van Montagu. C'est un fragment d'ADN circulaire, ou plasmide, nommé plasmide Ti ou pTi.

En 1977, un autre consortium, américain, dirigé par E. Nester, démontre que la maladie résulte du transfert d'un fragment d'ADN du plasmide Ti, nommé ADN-T ou T-DNA en anglais, de la bactérie vers les chromosomes de la cellule végétale. L'implication d'un plasmide, dit plasmide Ri, et d'un transfert d'ADN sont vérifiés pour A. rhizogenes, à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

Enfin, dès 1978, le consortium belge cité plus haut est le premier à proposer que le plasmide Ti pourrait servir de vecteur d'introduction de séquences d'ADN choisies dans le génome végétal, ouvrant ainsi la voie au génie génétique des plantes, ainsi qu'à la création de variétés OGM.

Génome

Le génome d'Agrobacterium tumefaciens se compose de deux chromosomes, l'un linéaire et l'autre circulaire, et dans de nombreux cas de plasmides de haut poids moléculaire. Dans la souche de référence C58, le chromosome 1 est consituté d'environ 2800000 paires de bases (2800 kb) et porte 2833 gènes. Le chromosome 2 est constitué de 2075 kb et porte 1895 gènes. Les plasmides AtC58 et TiC58 comportent respectivement 540 et 210 kb, et regroupent 543 et 198 gènes. Le génome complet est par conséquent constitué de 5675 kb et regroupe 5469 gènes. La séquence nucléotidique du génome de diverses souches d'Agrobacterium est connue et accessible par internet sur le site agrobacterium. org [1].

Cycle infectieux

La bactérie Agrobacterium tumefaciens infecte les végétaux (principalement des dicotylédones) à la faveur d'une blessure. Des composés phénoliques produits par la plante - le plus souvent bactériostatiques ou antibiotiques - attirent au contraire Agrobacterium vers le site de la blessure. La bactérie s'attache aux cellules végétales. Sous l'effet de ces composés phénoliques, Agrobacterium met en place un dispositif de transfert d'un fragment de son ADN, vers la cellule blessée. Cet ADN, dit ADN-T (ou T-DNA en anglais), est porté par le plasmide Ti (tumor-inducing) et s'intègre au génome nucléaire de la cellule végétale. Les gènes portés par l'ADN-T s'expriment dans le végétal et amènent :

Les opines sont particulièrement utilisées par les agrobactéries qui ont induit la formation de la tumeur. Cette spécificité est liée au fait que les gènes déterminant l'utilisation des opines sont portés par le plasmide Ti. Qui plus est , certaines opines induisent le transfert du plasmide Ti d'une agrobactérie vers une autre par conjugaison. Les opines sont par conséquent des médiateurs chimiques clefs de l'interaction Agrobacterium - plante, dont la présence dans la tumeur facilite la croissance des pathogènes et concourt à leur dissémination.

L'interaction Agrobacterium - plante peut par conséquent être vue comme une manipulation génétique naturelle durant laquelle la bactérie détourne à son profit l'activité métabolique de la plante.

Étapes de la transfection

A : Agrobacterium tumefaciens
B : génome d'Agrobacterium
C : Plasmide Ti : a : T-DNA, b : genes vir, c : origine de réplication, d : génes du catabolisme des opines
D : cellule végétale
E : Mitochondrie
F : Chloroplaste
G : Noyau

La bactérie perçoit les signaux phénoliques émis par la plante grâce à une protéine transmembranaire codée par le gène virA (1). La protéine VirA, à activité kinase, s'autophosphoryle et transfère le phosphore à une autre protéine, cytosolique cette fois et codée par virG (2). Cette dernière active la des gènes de virulence (3).

La plante blessée émet aussi des signaux glucidiques, qui sont captés par une protéine codée par chvE. Celle-ci active VirA et la rend réceptive à des concentrations phénoliques faibles. L'augmentation du pH du milieu est captée par ChvI, qui active aussi les gènes de virulence.

Les gènes "vir" synthétisent plusieurs protéines dont une, VirD2, reconnaît les séquences double brin spécifiques des bordures droite et gauche de l'ADN-T. VirD1 ouvre les doubles brins, qui sont restreints (coupés) par VirD2; l'ADN-T est par conséquent excisé du plasmide (4). La protéine VirD2 reste fixée sur la bordure droite de l'ADN-T, ce qui l'oriente pour sortir de la bactérie. Cette sécretion s'effectue par un pilus protéique reliant la bactérie à la cellule végétale (5). Cet appareil sécrétoire (dit de type 4) est principalement codé par les gènes de l'opéron virB, et par virD4 Avant ou après son entrée dans la cellule (selon les auteurs), l'ADN-T est recouvert de plusieurs monomères de la protéine VirE2. Celle-ci est aussi d'origine bactérienne, codée par le gène virE2, et sert à protéger l'ADN-T monocaténaire de la dégradation dans la cellule végétale. VirD2 et VirE2 possèdent des séquences signal de localisation nucléaire dites NLS (pour Nuclear Localisation Signal) qui sont reconnues par la cellule végétale, permettant d'adresser le complexe nucléoprotéique ADN-T/VirE2/VirD2 vers le noyau de la cellule végétale (6). Ce complexe pénètre par conséquent dans le noyau, où il s'intègre à l'ADN végétal. Les ADN polymérases du végétal l'utilisent comme matrice, et le transforment en ADN double brin (7).

Les gènes codés par l'ADN-T ne sont le plus souvent pas exprimés dans une cellule procaryote, par conséquent chez Agrobacterium.

Le génie génétique végétal repose en grande partie sur l'utilisation d'Agrobacterium comme vecteur naturel de gènes. Les biotechnologistes utilisent le plus fréquemment des plasmides proches du plasmide Ti, dit plasmides désarmés, car leur ADN-T ne porte plus les gènes responsables du pouvoir pathogène. Sur ces plasmides désarmés, les gènes tumoraux sont en effet remplacés par un (ou plusieurs) gène d'intérêt agronomique (par exemple le gène codant la toxine de Bacillus thuringiensis dit gène Bt, ou des gènes de résistance à l'herbicide non sélectif glyphosate) et par un ou plusieurs gènes marqueurs servant à sélectionner les cellules transformées, puis de les multiplier sur des milieux de culture, in vitro. Des plantes entières sont ensuite régénérées par des techniques classiques de culture in vitro, faisant intervenir les hormones végétales auxine et cytokinine.

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